À partir de la base de données nationale des SIN (outil e-SIN), une analyse rétrospective de ceux émis entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2016 et rapportant au moins un SA comme micro-organisme, a été réalisée. Les variables suivantes ont été analysées : nombre de cas et de décès à l’émission du SIN, site infectieux (maximum trois sites différents par SIN), service d’hospitalisation (maximum trois services différents par SIN), mesures de contrôle mises en place au moment du signalement, maîtrise de l’évènement, besoin d’expertise extérieure, caractéristiques de la souche. Un cas groupé est défini par au moins deux cas d’infection ou de colonisation à SA rapportés dans un même signalement, sans forcément que le lien épidémiologique entre ceux-ci soit confirmé. Après une analyse descriptive de l’ensemble des SIN à SA pour la période d’étude, un focus a été fait sur les SIN rapportant des cas groupés en réanimation néonatale ou pédiatrie néonatale (NN). Entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2016, 9 744 SIN ont été émis pour la France entière. Parmi eux, 468 (4,8 %) impliquaient Staphylococcus aureus. Depuis 2012, le nombre annuel de SIN à SA reste stable autour de 100 SIN/an. Ils concernaient le plus souvent un service de chirurgie orthopédique (118 SIN), ou de néonatologie (53 SIN dont 35 de réanimation néonatale). Parmi les 53 SIN à SA concernant des services de NN, la proportion de SIN rapportant plus d’un cas était de 57 %, contre 17 % parmi les 415 SIN à SA concernant des services autres que la NN. Les sites infectieux les plus fréquemment renseignés étaient :
- pour les SIN en NN : bactériémies (60 % des SIN rapportaient au moins un cas de bactériémie), infections ophtalmiques (21 %) ou respiratoires (19 %) ;
- pour les SIN hors services de NN : infections du site opératoire (ISO) (35 % des SIN rapportaient au moins un cas d’ISO), bactériémies (28 %).
La proportion de SIN rapportant des cas groupés en NN a fortement augmenté entre 2013 (40 %) et 2014 (64 %) et reste élevée autour de 60 % depuis 2014 (Figure 1).
Description des signalements d’IN rapportant des cas groupés d’infection à S. aureus en réanimation néonatale, 2012-2016
Pour la période 2012-2016, 30 SIN rapportaient des cas groupés d’infection à SA en NN. Le nombre de cas médian était de quatre cas (mini : 2 cas, maxi : 31 cas). Six SIN rapportaient plus de dix cas. Dix-huit SIN rapportaient au moins un cas de bactériémie. Les autres sites infectieux les plus fréquemment mentionnés étaient des infections de l’œil (11 SIN) ou cutanées (6 SIN). Treize SIN rapportaient au moins un décès, dont six SIN avec un décès lié à l’infection à SA. Les épidémies rapportées étaient majoritairement monoclonales, dues à des souches de SARM producteurs de toxines (Figure 2). Une hypothèse de transmission croisée était privilégiée pour 17 SIN sur les 30 (57 %) :
- manuportée, facilitée par une surcharge de travail dans le service (pression d’admission…),
- ou via un personnel porteur,
- ou via du matériel partagé.
La maîtrise de ces épidémies a nécessité la mise place de plusieurs mesures de contrôle de manière coordonnée : renforcement des précautions standard, ou complémentaires contact autour des cas, bionettoyage renforcé des locaux, décontamination éventuelle des patients porteurs. Le personnel est fréquemment dépisté à la recherche de porteurs, et peut faire l’objet de décontamination également, avec période d’éviction du service. Une expertise extérieure était sollicitée pour 8 SIN sur les 30 (27 %), alors que pour l’ensemble des SIN tous germes confondus, cette proportion est de 8,5 %. Ces épisodes remplissent les critères de signalement externe : gravité, rareté, population fragile, épidémie, gestion difficile et des critères associés que sont les risques médiatique et médico-légal. Il est difficile, à ce stade, de savoir s’il existe une réelle augmentation des cas groupés à SA en service de néonatologie ou si cette augmentation découle d’une sensibilisation particulière des professionnels de santé au signalement de bactériémies nosocomiales dans ces services en lien avec les antécédents médiatisés récents (Chambéry, Caen). Des études spécifiques pourraient permettre d’identifier des éléments de réponse.