04 mai 2022

En direct de… la mission Spicmi – Les outils du programme national dédié au risque infectieux en chirurgie

isabelle arnaud

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Centre d’appui pour la prévention des infections associées aux soins (CPias) d’Île-de-France – Pavillon Leriche – AP-HP – 8, rue Maria-Helena-Vieira-da-Silva – 75014 Paris – France
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pascal astagneau

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La mission Surveillance et prévention du risque infectieux en chirurgie et médecine interventionnelle (Spicmi), confiée au Centre d’appui pour la prévention des infections associées aux soins d’Île-de-France (CPias IDF), est une des cinq missions du réseau de prévention des infections associées aux soins (Répias). Son programme s’articule autour de deux approches complémentaires : la première concerne la surveillance des infections et la seconde se focalise sur leur prévention.

Présentation générale

Une plateforme informatique commune pour la surveillance et la prévention

Les établissements de santé (ES) souhaitant participer au programme Spicmi doivent retourner une charte d’engagement qui leur donne accès à la plateforme informatique (e-plateforme) (Figure 1). Il s’agit d’une application web développée par le CPias IDF (concepteur : Bafodé Minte). Un seul référent par établissement a le droit d’accéder à la plateforme qui regroupe différents outils et documents concernant la surveillance et la prévention des infections du site opératoire (ISO). Le programme Spicmi a fait l'objet d'un dépôt à la commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).HY_XXX_2_En-direct_fig1

L’information des patients : un incontournable

Les ES doivent informer localement les patients concernés de leur participation à la mission. Pour la surveillance, cette information doit être réalisée en amont des interventions. Pour la prévention, elle est réalisée juste avant la mise en œuvre de l’audit. La charte et un modèle de lettre à donner au patient sont disponibles sur le site du CPias IDF, géré par Karin Lebascle.

Outils de surveillance et de prévention : les grands principes

La participation des ES au programme Spicmi est possible grâce à deux outils qui leur sont actuellement proposés, chacun correspondant à l’un des volets (surveillance et prévention). À terme, il est souhaité que les ES inscrits participent aux deux volets mis à leur disposition. En ce qui concerne la surveillance, il s’agit d’un outil de surveillance semi-automatisée. Cet outil appelé Surveillance des ISO a été directement intégré à la e-plateforme (priorité). Il permet aux établissements participants d’importer leurs données afin d’obtenir un rapport automatisé.

La prévention repose sur un premier outil d’évaluation concernant la préparation cutanée de l’opéré (PCO) et l’antibioprophylaxie (ATBP). Il s’agit d’un audit par observation (audit Preop). La saisie des données a été possible pour les données 2020 et 2021 grâce à un outil Excel® (conception : Isabelle Arnaud) qui permet aussi d’éditer automatiquement des rapports pour l’établissement. La saisie pourra, en principe, être réalisée directement sur la e-plateforme dans le courant de l’année 2022.

Le pilotage par un comité scientifique

Le programme Spicmi est piloté dans ses orientations par un comité scientifique composé d’experts médicaux et infirmiers, de chirurgiens, d’anesthésistes-réanimateurs, d’infectiologues, d’hygiénistes et d’épidémiologistes, de représentants institutionnels et de sociétés savantes. Le comité scientifique sert de consultant régulier et donne son avis sur l’évolution des protocoles liés à la surveillance et à la prévention.

La surveillance

Principe de la nouvelle surveillance

La surveillance est de type semi-automatisée et s'appuie sur un protocole permettant de la mettre en œuvre de façon standardisée. Ce protocole a été élaboré par Katiuska Miliani et Sara Villeneuve avec le soutien de Pascal Astagneau et des membres du comité scientifique. C’est une toute nouvelle approche qui se base sur les systèmes d’information des ES, ayant pour objectif de constituer une base de données contenant les interventions surveillées choisies par l’établissement. Elle nécessite donc que le référent de l’établissement puisse avoir accès aux données du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) via le département d’information médicale (DIM). Il est également nécessaire de récupérer des informations complémentaires au niveau d’autres sources de données hospitalières (principalement les données du laboratoire de microbiologie), voire dans d’autres bases de données et outils locaux tels que celui du bloc opératoire, le logiciel de pharmacie ou en utilisant le dossier patient. La Figure 2 récapitule les différentes étapes à prendre en compte et les documents associés à chaque étape.HY_XXX_2_En-direct_fig2

Spécialités, calendrier et rôle des chirurgiens

Six spécialités chirurgicales, en accord avec le protocole de l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC), ont été retenues : la chirurgie digestive, la chirurgie gynéco-obstétrique, la neurochirurgie, la chirurgie coronaire, la chirurgie orthopédique et la chirurgie urologique. Chacune d’entre elles regroupe plusieurs interventions spécifiques. La période de surveillance commence le 1er janvier de l’année et s’achève le 30 juin et ne concerne que les patients âgés de plus de 18 ans. Selon le type d’intervention, un à trois mois supplémentaires sont nécessaires pour récolter les informations concernant une potentielle ISO après l’intervention. Le chirurgien concerné est invité par l’équipe opérationnelle d’hygiène (EOH) à valider, ou non, l’ISO détectée par la surveillance semi-automatisée.

Modalités de surveillance : un choix à faire pour chaque spécialité

Il est demandé de choisir entre deux types de surveillances pour chaque spécialité. La première, dite « unit-based », ne concerne que le recueil des données des patients ayant eu une ISO sans recherche des facteurs de risque des patients. La seconde, dite « patient-based », intègre l’ensemble des patients ayant eu une intervention chirurgicale pendant la période de surveillance, avec ou sans ISO, ainsi que les facteurs de risque (obligatoire) et les comorbidités (optionnel) de ces patients.

L’élaboration du fichier d’importation

L’élaboration du fichier d’importation nécessite une collaboration entre l’EOH, le DIM et le service de microbiologie. Un fichier type au format Excel® (Microsoft Corporation, Redmond, États-Unis) à constituer par les établissements est fourni par le programme. Ce fichier (une fois constitué) pourra être importé sur la e-plateforme via l’outil Surveillance des ISO (pas de saisie informatique à réaliser). Un certain nombre de variables sont à renseigner selon un ordre donné et leurs formats et leurs valeurs sont prédéterminés. Toutes les règles concernant les variables sont fournies dans le protocole de surveillance et le thésaurus. Des tutoriels sont également disponibles pour faciliter la constitution du fichier. Le protocole met à disposition deux arbres décisionnels permettant d’éviter de retourner voir la totalité des dossiers des interventions qui sont extraits à partir du PMSI. L’un concerne les interventions hors urologie et l’autre est spécifique à l’urologie (celui-ci faisant l’objet d’une méthodologie à part entière).

Fonctionnement de l’outil informatique Surveillance des ISO

L’outil Surveillance des ISO fonctionne en trois étapes (Figure 3).

La première étape consiste à sélectionner toutes les spécialités chirurgicales de l’établissement participant au programme de surveillance. Puis pour chacune de ces spécialités, il faut choisir le type de surveillance qui a été appliqué (unit-based ou patient-based), le type d’intervention surveillé et la méthodologie de détection des ISO (celle qui a été conçue par le groupe de travail Spicmi ou celle propre à l’établissement).

La deuxième étape est l’importation du fichier Excel® sur la e-plateforme. Ce fichier aura été préalablement constitué par l’établissement et va regrouper une liste de toutes les interventions par spécialité. Selon le type de surveillance choisi (unit-based ou patient-based), les données du fichier Excel® à importer seront différentes : dans le premier cas uniquement les patients ayant une ISO, dans le deuxième cas l’ensemble des patients (avec ou sans ISO) avec leurs facteurs de risque (obligatoire) et comorbidités (optionnel). Un algorithme a été spécialement développé au sein même de cet outil afin de vérifier la cohérence des données avant importation. Dans le cas d’un fichier mal constitué, la plateforme affiche un rapport d’erreur et permet à l’utilisateur d’apporter les corrections nécessaires en s’aidant des différents documents (protocole, thésaurus, tutoriels, etc.). Le fichier Excel® peut donc être importé sans souci avec un premier contrôle sur l’adéquation des données et des informations transmises par rapport au codage attendu.

La troisième étape consiste à renseigner le nombre d’actes par type d’intervention surveillée (uniquement pour la surveillance unit-based). Après cette dernière étape, l’établissement pourra éditer et consulter son rapport automatisé (au format PDF).HY_XXX_2_En-direct_fig3

Retour d’expérience de la première importation

L’équipe Spicmi s’est rendue disponible pour les établissements lors de cette importation 2020 afin de les aider à résoudre leurs difficultés et à obtenir leur rapport d’établissement. L’importation des données 2020 a permis de simplifier certaines procédures informatiques. Il n’existe maintenant plus qu’un seul fichier d’importation par type de surveillance, unit ou patient-based. De plus, un bouton permet aux établissements n’ayant pas eu d’ISO de déclarer le nombre total d’actes par type d’interventions réalisées au sein de leur établissement pendant la période de surveillance. Cette dernière étape permet à ceux-ci de valider leur participation. Un rapport multicentrique national sera rédigé après l’exploitation statistique des données par Béatrice Nkoumazok.

La prévention

Mode de pilotage

Le volet prévention a été piloté à l’origine par un binôme médical/paramédical (Delphine Verjat-Trannoy, Caroline Daniel). Il est aidé dans cette tâche par un groupe de travail dédié à la prévention (GT « Prévention ») et d’un réseau de professionnels de santé volontaires. Ce GT a pour mission d’élaborer des outils de promotion et d’évaluation. Les documents produits sont soumis au comité scientifique pour avis.

Présentation de l’audit Preop

Un outil d’évaluation par observation

Le premier outil proposé dans le cadre de la prévention est un outil d’évaluation des pratiques. Des supports de promotion suivront en fonction des résultats obtenus et de l’identification des besoins. L’audit Preop s’intéresse aux étapes pré-opératoires et traite de deux mesures importantes de la prévention : la préparation cutanée de l’opéré (PCO) et l’antibioprophylaxie (ATBP) pré-opératoire. La méthode d’évaluation proposée est une observation des pratiques au bloc opératoire. Elle est menée par un auditeur depuis l’arrivée du patient au bloc jusqu’à l’incision. Les interventions à inclure sont celles sur peau saine et hors urgences, ce qui correspond à la plupart des spécialités chirurgicales (la liste des spécialités du champ de l’audit est disponible sur le site).

Un outil clé en mains pour faciliter la mise en œuvre de l’audit

Un protocole détaillé, la grille d’observation, et de nombreux documents associés sont disponibles sur la page dédiée à la prévention du programme Spicmi sur le site du CPias IDF. La Figure 4 récapitule les différentes étapes à prendre en compte et les documents associés à chaque étape.HY_XXX_2_En-direct_fig4

Une stratégie d’évaluation pour une amélioration continue de la qualité et la sécurité des soins

Le principe général est de réaliser cet audit la première année afin obtenir un état des lieux. L’objectif est ensuite de valoriser les bons résultats et d’apporter des mesures correctives sur les points à améliorer en collaboration avec les équipes médico-chirurgicales concernées qui auront été informées (restitution). Une réévaluation des pratiques est alors envisageable une fois les mesures appliquées pour en vérifier l’impact positif. Au vu du contexte de mise à disposition de cet outil d’audit (février 2020, au tout début de la pandémie à Covid-19) et des difficultés rencontrées dans sa mise en œuvre en chirurgie (déprogrammations, mobilisation des EOH), l’état des lieux initial est possible sur l’une ou l’autre, ou plusieurs, des trois premières années du programme au choix des ES (2020, 2021, 2022).

Une aide à la mise au point du plan d'actions consécutif à l’audit

Tout audit n’est pas une fin en soi et la mise en place d’un plan d'actions doit précéder toute réévaluation. Un guide d’aide à l’interprétation des données et à l’identification de pistes d’amélioration fait partie des documents fournis aux participants à l’audit1.

L’outil de saisie

Un outil Excel® à télécharger pour les premières années de mise en œuvre

Dans l’attente d’un développement sur la e-plateforme, un outil sous format Excel®, disponible par téléchargement, a été créé afin de permettre aux établissements de saisir les données de leur audit. Celui-ci est composé de plusieurs onglets permettant une saisie simplifiée des informations et une édition des rapports automatisés séparés pour la PCO et l’ATBP. Attention, cet outil étant spécifique d’une année donnée, il n’est pas possible de réaliser un audit chevauchant deux années successives (janvier à décembre de chaque année uniquement). L’outil permet la saisie de 1 000 fiches et comporte des contrôles de validation de la cohérence des données permettant de limiter les erreurs de saisie. Toutes les variables nécessitant un codage ont une liste déroulante associée permettant à la personne qui remplit les informations de n’avoir qu’à choisir l’élément identique à celui qui a été renseigné sur la fiche papier. Le formulaire de saisie s’adapte aux éléments renseignés. Ainsi certaines parties se débloquent selon les réponses qui sont inscrites : les cases utiles apparaissent et celles inutiles disparaissent. Les données manquantes sont aussi indiquées de façon dynamique (Figure 5).HY_XXX_2_En-direct_fig5

Édition des rapports

Une fois la saisie terminée, il est possible d’éditer les rapports PCO et ATBP de son établissement, et de les enregistrer en format PDF pour qu’ils puissent être utilisés et diffusés. Ces rapports sont complets et intègrent 8 tableaux et 16 figures permettant de mettre en évidence les éléments à revoir, ceux à améliorer et les points forts de l’établissement. Il est aussi possible d’exporter les données pour avoir une base de données complète de la saisie, ce qui donne la possibilité à l’établissement de faire lui-même ses propres analyses. Ce fichier d’exportation peut être transmis au CPias IDF par e-mail à l’adresse spicmi.contact@aphp.fr dans le cas où l’ES souhaite contribuer à l’analyse et au rapport multicentrique national. Les ES participants ayant respecté la méthode et le délai de renvoi des données sont affichés dans le rapport national avec le nombre d’observations réalisées.

Les premiers résultats en chirurgie

Le rapport 2020 est disponible sur le site du CPias IDF. Les résultats ont été présentés avant diffusion aux ES participants et aux rédacteurs des recommandations concernées : la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) et la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar).

La médecine interventionnelle

Le GT Prévention travaille avec l’aide d’experts du secteur et en collaboration avec la Société française de radiologie (SFR) et la Fédération de radiologie interventionnelle (FRI) sur la préparation de plusieurs outils de promotion et d’évaluation : adaptation au secteur de la grille de l’audit Preop et de l’outil informatique associé, enquête/cartographie, synthèse des recommandations…

Accès et évolution des outils

Accès aux outils

Les liens directs vers la plateforme Spicmi et vers les différents outils sur le site du CPias IDF sont détaillés dans l’Encadré.


Encadré – Programme Spicmi : liens directs


État d'avancement du programme Spicmi

Les données 2021 de la surveillance sont en cours d'analyse après leur importation en février/mars 2022.

Pour le volet prévention, les données de la campagne 2021 de l’audit Preop sont en cours d’exploitation. La partie prévention de la plateforme sera en principe ouverte en 2022, ce qui permettra aux établissements de faire leur saisie en ligne. Une version évoluée de la grille d’audit Preop sera proposée en 2023 pour les établissements souhaitant évaluer les actions mises en place à la suite des audits déjà réalisés.

Calendrier 2022

Surveillance

La surveillance des ISO 2022 portera sur la période du 1er janvier 2022 au 30 juin 2022. L’importation des données pourra se faire début 2023.

Prévention

L’audit est possible durant toute l’année 2022. La saisie des données sur la plateforme Spicmi se fera dans le courant de l’année 2022.

Une adresse e-mail unique est mise à disposition pour toute question : spicmi.contact@aphp.fr.

Note :